English 

Accueil Association Nos ancêtres Généalogie Bulletin Rassemblements Boutique Devenir membre Avis de décès Plan du site Aide Nous joindre
flickr       Contactez-nous  Liens utiles  
Armoiries des Labrecque Association des Labrecque

Généalogie : Des Labrecque d'exception

Marie Labrecque - Sœur Sainte-Mechtilde (1920-2021)


Marie Labrecque est née le 31 août 1920 à Lambton. Elle est la fille de Félix Labrecque et de Nelly (Nellie) Morin. Elle est la benjamine d’une famille de 12 enfants.

Elle fait des études secondaires au couvent de Sainte-Rosalie, près de Saint-Hyacinthe. Ensuite, elle débute comme enseignante (25 $ par année). Comme Émilie Bordeleau (Les filles de Caleb, d’Arlette Cousture), l’hiver, elle devait se rendre à pied dans la neige et chauffer le poêle avant l’arrivée des élèves.

En 1941, à l’âge de 21 ans, elle entre en communauté chez les Sœurs de la Miséricorde. Elle y restera 34 ans (1941-1975). Elle prend le nom de sœur Sainte-Mechtilde. Elle l’annoncera à ses parents par une lettre d’adieu. Après une visite de son père et quelques années de vie au couvent, toute sa famille fût heureuse de sa décision.

En 1943, après deux années de noviciat, elle suit des cours aux Hautes Études Commerciales, rue Saint-Hubert, où se trouvait la première École de service social au Québec.

En 1945, elle obtient un diplôme d’études supérieures en Service social.

En 1947-1948, elle enseigne à l’École de Service social.

En 1949, elle devient bachelière ès arts en étudiant à Bathurst et à Moncton au Nouveau-Brunswick. Un an plus tard, elle obtient la maîtrise ès arts à l’Université de Moncton.

En 1951-1952, elle est diplômée en études littéraires à l’Université de Montréal.

En 1953-1954, elle part étudier à l’Université de Fordham, à New York, et complète sa formation par des visites d’institutions caritatives aux États-Unis. Elle y obtient une maîtrise en Service social psychiatrique.

De retour à Montréal, elle travaille au bureau de relation d’aide pour les filles enceintes qui venaient séjourner à la Miséricorde, rue Dorchester, avec sœur Saint-Jean-Vianney (Thérèse-Bernadette Gingras), instigatrice du centre. C’est le commencement du Centre Rosalie-Jetté, en 1955.

Pour amasser de l’argent, elle organise des concerts, dont l’un avec Jacques Labrecque (chanteur, folkloriste, producteur et éditeur québécois). D’autres types de levée de fonds ont lieu comme des défilés de mode, à l’Hôtel du Ritz-Carlton.

Pendant 10 ans, Sœur Mechtilde ira dans tous les milieux pour donner des conférences sur la situation des mères célibataires : écoles, associations de parents, pompiers, associations de femmes (Filles d’Isabelle, Cercles de Fermières du Québec, Femmes chefs d’entreprises). Notons que c’est à elle que l’on doit le changement de terminologie de fille-mère à mère célibataire. Elle participa aussi à maintes entrevues pour la presse, à la radio et à la télévision avec différents animateurs, entre autres, Judith Jasmin, Michèle Tisseyre, Pierre Nadeau, Wilfrid Lemoyne et Jacques Languirand.

Pour permettre aux jeunes adolescentes en cours de grossesse de continuer leurs études, plusieurs rencontres avec la Commission des Écoles Catholiques de Montréal (CECM) sont entreprises. Résultat : des cours académiques, un cours commercial, des cours d’enseignement ménager et de céramique seront offerts aux pensionnaires.

Le Centre Rosalie-Jetté accueillait annuellement 300 jeunes filles. La plupart renonçaient à garder leur enfant et le donnait en adoption ou encore il était accueilli par leurs parents. En 1957, une autre maison, la Villa Saint-Michel, ouvre ses portes, suivie, en 1959, par le Manoir Sainte-Dorothée à Laval pour les femmes enceintes venant d’un milieu privilégié. Auparavant, pour éviter le « déshonneur » des parents, elles étaient exilées à New York, au Mexique ou en Europe pour le temps de leur grossesse. L’ouverture de la Pension Giroux va permettre à une dizaine de jeunes filles de continuer leur année scolaire dans le Centre et recevoir les services qui contribueront à leur réhabilitation sociale.

En 1965, elle accepte, à la demande du cardinal Léger, le rôle de directrice-adjointe à l’Office des Œuvres. Parmi les problèmes qui retiennent son attention, il y a celui des analphabètes. En 1968, l’organisme du Comité d'éducation de base pour les adultes de Montréal (CEBAM) voit le jour grâce aux œuvres caritatives bénévoles d'organisations diocésaines et de communautés religieuses. En 1972, le centre sera récupéré par la Commission des écoles catholiques de Montréal (maintenant la Commission scolaire de Montréal) et deviendra le SEBAM (Service d'éducation de base aux adultes de Montréal). Il fermera ses portes en 1982 et ses activités seront transférées dans des écoles de la commission scolaire.

En 1969, Mgr Grégoire lui donne l’autorisation de partir à Fribourg, en Suisse, pour un projet de fondation d’une École de la Foi où se donnent des cours d’écriture sainte, de théologie et de philosophie.

Sœur Mechtilde (Marie), veut comprendre la pauvreté : elle va donc faire l’expérience de fouiller ce qui était abandonné au bord des rues et en face des hôtels. Comme plusieurs mères célibataires rencontrées qui, pour survivre, deviennent des domestiques, elle se fait engager comme femme de ménage par l’épouse d’un chef d’État de la Suisse. Elle comprend alors que l’on peut facilement nous enlever tout sentiment d’être quelqu’un.

En 1969, elle retourne à Montréal pour une intervention chirurgicale en raison d’un problème d’oreilles. Elle souffre d’otosclérose. L’opération devait permettre une meilleure audition mais ce ne fut pas le cas. Après l’opération, elle retourne en Suisse.

À l’été 1970, elle se rend à Clichy, dans la banlieue de Paris, pour faire un stage au Nid, organisme international qui vient en aide aux prostituées. Là, elle fait le dur apprentissage du travail de rue, des rencontres de trottoir, spécialement à Pigalle. Elle se rend ensuite à Trosly-Breuil, en France, plus précisément à l’Arche, un petit village où sont réunis des handicapés mentaux. Ces derniers habitent de petites maisons, apprennent des métiers et sont accompagnés par des bénévoles venant de tous les pays. Cet organisme a été fondé en 1965 par Jean Vanier, fils du montréalais Georges Vanier qui a été diplomate et gouverneur général du Canada de 1959 à 1967. Jean Vanier est décédé le 7 mai 2019 à l’âge de 90 ans. Il a été fait compagnon de l'Ordre du Canada en 1989, reçu grand officier de l'Ordre national du Québec en 1992 et fait Chevalier de la Légion d'Honneur, en France, en 1994.

Après son cycle de deux ans à l’École de la Foi, Marie se rend à l’Hôpital de Montreux pour y être opérée aux oreilles. Malheureusement, le chirurgien ne peut rien faire. C’est le désespoir! Sans ressources, elle frappe à la porte d’une communauté religieuse inconnue. La communauté l’accueille et décide de l’envoyer dans les montagnes pour lui permettre de retrouver la santé physique et mentale. Après avoir écrit au Sœurs de la Miséricorde, elle reçoit l’argent nécessaire pour son retour au Québec.

Forte de l’expérience au Nid, elle prend part à un nouveau projet qui consiste à contacter des prostituées, à leur offrir une présence accueillante. « La société québécoise du début des années 1970 ne semble pas tellement différente de celle d’aujourd’hui. Les femmes qui pratiquent la prostitution sont stigmatisées, exclues, rejetées et même méprisées » (2).

« Chez Marie », rue Saint-Denis, devient ainsi un lieu privilégié d’accueil, de rencontre. Marie parcourt aussi les clubs, les rues, les prisons, la Cour de justice afin de rencontrer ces femmes. Elle voulait même vivre six mois auprès des détenues, ce qui lui a été refusé par le ministère de la Justice. Pour subvenir et participer aux nombreux frais, elle décide de travailler à temps partiel. Elle trouve un emploi de vendeuse dans un magasin de prêt-à-porter sur la Plaza Saint-Hubert afin de connaître leur monde. Ensuite, elle œuvre au CLSC d’Hochelaga-Maisonneuve comme travailleuse sociale auprès des familles défavorisées et, en 1975, au Centre Laval, maison pour mères célibataires des Sœurs de la Miséricorde.

En 1975, Marie Labrecque va quitter la vie religieuse pour épouser un jeune théologien laïque qui terminait sa maîtrise à l’Université de Montréal. Elle a 55 ans et lui en a 23. Le mariage dure 12 ans. Ils partent pour Toronto parce que Marc décide de devenir chiropraticien. Elle commence à enseigner à l’école Gabrielle-Roy et ensuite à l’école John-Fisher. En 1983, ils ouvrent une clinique à Lambton, au Québec et, plus tard, une autre à Longueuil. Vers 1988, c’est la séparation et le divorce.

Marie demeure à Longueuil. Elle trouve un emploi de réceptionniste dans la clinique de nutrition Louise-Lambert-Lagacé. Elle y restera pendant quatre ans.

En 1990, alors âgée de 70 ans, elle a un grave accident de voiture sur l’autoroute des Cantons de l’Est. Elle se retrouve dans le coma à l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul, à Sherbrooke. Vingt-quatre heures plus tard, elle se réveille : elle n’a aucune fracture.

Marie Labrecque est décédée le 9 juin 2021, à l'âge de 100 ans, à Saint-Lambert.

Sources :
- Une longue, longue marche : souvenirs de Marie de Marie Labrecque (Saint-Zénon, Louise Courteau, éditrice, 1996).
- Article de Monique Hamelin intitulé Marie Labrecque – une femme présente à la prostitution, publié dans la revue No. 93 – La prostitution (http://autrepar.koumbit.org/articles/230).
- Communiqué de la CSDM du 29 mars 2019 : Pourquoi l’École Marie-Labrecque?
- Généalogie : Association des Labrecque


Membre de la Fédéйration des associations de familles du Québec Membre de la Fédération des associations de familles du Québec (FAFQ)
Site hébergé par FAFQ